« Comment tuer les dinosaures en vingt leçons »

**ADMIN** ♧ mais vous pouvez aussi m'appeler Dieu.

C'est dingue comme certaines choses ne changent jamais. Ou presque. Qu'on habite New York, Paris, Londres, Barcelone, Rome, et tant d'autres superbes villes, on se retrouve toujours avec les mêmes rituels, les mêmes manies. Regardez moi, j'ai vécu dans toutes ces villes. Je les ai aimé, voire adorée pour leurs différences, leurs particularités qui faisaient qu'elles étaient hors du commun. Seulement, une chose restait toujours la même. Une chose idiote. Complètement immature. C'était devenu un mode de vie que je n'aurais changé pour rien au monde. J'entends tout le monde dire autour de moi que c'était indigne, que je dégageais une classe qui faisait que je ne devais pas continuer mes petites traditions. Mais c'était plus fort que moi. C'était un besoin vital. Si si, vital. Je n'exagère jamais. Ou presque. Je devais commencer mes journées toujours de la même façon. Je devais me réveiller avec une femme dans mon lit. Voilà mon grand rituel puéril. Je suis incapable de dormir – ou pas – dans un lit seul. Il me faut toujours de la compagnie, et si possible : toujours différente. C'est pour ça que j'ai vécu dans tant de grandes villes différentes. Je voyais toujours de nouvelles têtes dans mes draps. Ah, c'était la belle vie. Aujourd'hui tout à changer. Adieu la vue de la Tour Eiffel depuis la fenêtre en face de mon lit. Adieu la vue de la fontaine de Trevi depuis la terrasse de ma salle à manger. Adieu la vue des arbres de Central Park depuis la cuisine. Adieu ! Je ne rêverai plus ces choses là de si tôt. Du moins pas si je reste dans cet endroit rustique et primitif qui me sert de nouveau chez moi. Maintenant j'ai vue sur des nids de ptérodactyles, c'est carrément plus classe, n'est ce pas ? Vous êtes pas convaincus ? Moi non plus.

Les vues ont changé, je ne peux plus boire mon café matinale sur une terrasse à plusieurs millions de dollars le décor. Je ne peux plus demander à faire sortir mon Aston Martin devant le porche de l'hôtel particulier pour me rendre sur la 5ème Avenue. Je ne peux plus appeler mes meilleurs amis pour qu'on aille se faire la fête du siècle de le club le plus huppé de la capitale Française. Malgré tous ces changements, mon fameux rituel semble cependant resté intact. Ou presque. En effet, la partie la plus importante de la tradition reste intact : je me réveille le matin à côté d'une femme. Mais le détail à ne pas oublier c'est que le plus souvent cette femme se trouve être ma sœur. Non pas que j'ai perdu mon don pour la séducteur en arrivant sur cette île perdue. C'est juste que les femmes se font rares dans le coin, et qu'à force de ne rien trouver à faire d'intéressant, je passe le plus clair de mon temps avec ma chère petite sœur qui finit par s'endormir sur mon lit. Si c'est pas pathétique de finir ainsi avec un passé de Dom Juan derrière moi...

Ce matin ne fut donc pas exception. Je fus réveillé par un rayon de soleil transperçant ma fenêtre. Rien de tel pour être bien frais dès le saut du lit. Je laissais mini-moi féminin dormir pendant que je me rendais dans l'immense cuisine du manoir dans lequel nous vivions depuis quelques années déjà. Même si tout avait changé depuis notre arrivée sur l'île, j'avais la chance de vivre dans le seul endroit luxueux dans les environs : le manoir Alberton. Ma mère avait choisi l'endroit le plus hors du commun et pourri pour vivre, refaire sa vie, et aimer un nouvel homme, mais au moins elle avait choisi le seul mec riche à la ronde. Un mal pour un bien. Et encore. Toute la famille Alberton vivait dans cet endroit. C'est grâce à elle que cette île tenait debout si je puis dire. Ils fournissaient des vivres pour les habitants, payaient les travailleurs et chercheurs, etc. Tout ça pour que les dinosaures continuent de vivre dans une période qui n'est pas la leur. Décidément, j'arriverai jamais à me faire à cette idée. J'avalais un café précipitamment, histoire de ne croiser personne et de devoir être soulé si tôt dès le matin. Une douche, et quelques vêtements de mis plus tard, je décidais d'aller faire un tour pendant que l'île était calme. Il était à peine dix heures du matin.

Les îles de Jurassic Park étaient désertes. Malgré les évènements récents, le naufrage, les dinosaures qui s'échappent, etc etc, tout était plutôt calme. Ce n'était pas si déplaisant. Bien sûr, je préférais largement entendre le bruit des voitures circulant dans les grandes rues New Yorkaise, mais on se fait au calme et à la nature. Mais qu'est ce que je dis ? Je m'y fais pas ! C'est juste affreux. C'est même flippant. C'est toujours dans les moments le plus calme qu'on se fait attaquer par un reptile à la con. Sérieusement, si je survis sur cette île sans me faire croquer par une bébête, je croirais en l'existence de Dieu. C'est dans les rues désertes que je me baladais ce matin, réfléchissant à tout et à rien. Espérant rester tranquille, espérant que ma mère décide que finalement sa vie était nulle ici et que Paris lui manquait, espérant que je n'étais pas si attachée à elle, mon frère, et ma sœur, et qu'ainsi j'aurais la force de les quitter pour retourner à la civilisation, espérant que...

SLOAN — « Ah, excusez moi. » dis-je tout à coup, coupé dans mes pensées. Je venais de foncer dans quelqu'un sans m'en rendre compte. Et à priori, cette personne ne s'en était pas rendu compte non plus. J'étais en effet incapable de voir son visage car la jeune femme – je pouvais néanmoins reconnaître ça de la personne en face de moi – avait la tête cachée par un énorme livre intitulé « Comment tuer les dinosaures en vingt leçons ». Ah. Intéressant.

**Zeppelin** | La Croqueuse De Livres

Allo la Bibliothèque de l’île Nublar j’écoute ?

Oui ça serait pour une commande de livres !

Lesquels en particulier ?

Euh je voudrais les fleurs du mal de Baudelaire et Fin de partie de Samuel Beckett

et avec ça , ça sera tout ?

Oui !

Où habitez vous ?

En fait je ne suis pas chez moi actuellement mais j’aimerai que vous me les déposiez près de l’entrée du Jurassic Park . En fait je suis scientifique là-bas et j’aime avoir des livres à lire de temps à autres .

Près de...Jurassic Park ? Mais qui me dis que vous serez vraiment là-bas ?

Je serai là-bas mais dépêchez vous car on a pas vraiment beaucoup de temps avec ces bêtes qui rodent n’est ce pas ?

Euh atten..

Comment tuer les Dinosaures en vingt leçons

Ah, excusez moi.

ça ne fait rien , c’est de ma faute j’étais tellement absorbée par le livre que je ne regardais pas autour de moi..